La terre a son caractère, c’est elle qui décide au gré de son humeur, elle se tord, se fend, se casse, elle sèche comme pour rappeler qu’elle était là avant la main qui la travaille et qu’elle sera là bien après. Il faut l’apprivoiser.

Alice s’est d’abord intéressée à la forme, le modelage, le tour, les colombins, les plaques.

Des pots, des vases, des bols, des coupelles, des assiettes encore et encore, confier son travail au four, attendre le résultat, être surprise, parfois déçue, analyser, comprendre, réessayer, améliorer pour enfin voir le hasard faire place à la maîtrise.

Et lorsque qu’une pièce est façonnée, elle devient page blanche.

La création ne vient jamais du vide et les recherches d’Alice s’inspirent de nombreuses influences : le travail d’un autre, une peinture, un poème, un livre, une fleur…

La céramique japonaise, par exemple, lui a donné envie d’acquérir une liberté de geste, une franchise dans le trait.

Dans la céramique mexicaine, la couleur explose et captive le regard.

Le travail de la forme s’adapte à ses recherches : il faut agrandir et affiner la surface, sortir de l’utilitaire pour que les émaux aient plus de place pour exprimer leur liberté.

Dans son atelier, Alice cherche aujourd’hui le grand, et revient à la couleur brute, à la texture profonde, lisse, mate, rugueuse, poreuse, transparente, fragile, énigmatique.